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Eucharistie

Une école de vie

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QUATRE « INCONTOURNABLES » DE LA VIE CHRÉTIENNE

QUATRE « INCONTOURNABLES » DE LA VIE CHRÉTIENNE

POUR COMPRENDRE L’EUCHARISTIE

 

  1. L’AMOUR

Toute sa vie durant, qu’est-ce qui motivait Jésus à agir, au point où toute son énergie était mobilisée par sa mission?

C’est l’AMOUR.

Et qui dit AMOUR dit RELATION à créer, à faire grandir, à maintenir et à perpétuer.

C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’il faut considérer l’institution de l’Eucharistie. L’Eucharistie ne s’explique que par l’AMOUR.

« Le Seigneur ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin. Sachant que l’heure était venue de partir de ce monde pour retourner à son Père, au cours d’un repas, il leur lava les pieds (geste de service) et leur donna le commandement de l’amour.

Pour leur laisser un gage de cet amour, pour ne jamais s’éloigner des siens et pour les rendre participants de sa Pâque, il institua l’Eucharistie comme mémorial de sa mort et de sa résurrection, et il ordonna à ses apôtres de la célébrer jusqu’à son retour, les établissant alors prêtres du Nouveau Testament. » (Catéchisme de L’Église catholique, no 1337.)

On peut ainsi comprendre que la grandeur, la profondeur et l’aspect inusité de l’Eucharistie ne s’expliquent que par l’amour.

De par sa nature, l’amour cherche à se transmettre, à grandir et à s’immortaliser. Dieu, en Jésus, refuse de capituler devant le fait que tout s’arrête avec son départ. Il nous donne l’Eucharistie qui, de façon spéciale, actualise sa présence et son action.

  1. LA FOI

« Croire sans avoir vu. »

La confession de foi, ce « croire sans avoir vu », n’est-elle pas la confiance inconditionnelle qui fonde tout projet?

Par analogie, comme nous le révèle les recherches en neuroscience,  tout enfant a besoin de percevoir profondément que ses parents croient en lui pour avoir l’audace d’aller au bout de ses rêves. La confiance qu’on lui manifeste devient pour lui un moteur d’action.

Il en est ainsi pour la célébration eucharistique. Pour atteindre sa pleine efficacité de communion, elle appelle la réponse de foi comme consentement et engagement.

 

  1. LA CROIX (ou le dépassement de soi)

N’est-ce pas sur la base de l’amour inconditionnel que Jésus est allé jusqu’au bout de son projet de faire connaître le Royaume de son Père, et ce, jusqu’au péril de sa propre vie?

Un exemple pour comprendre. N’est-ce pas sur la base de l’amour inconditionnel que des parents se donnent à leur enfant, et ce, jusqu’aux plus grands sacrifices?

 

  1. LA JOIE

L’amour détient la puissance de nous transporter au-delà de nous-mêmes, source de joie véritable que procure le dépassement de soi.

Cette joie s’exprime par une forme de régénération.

Par analogie, on a qu’à regarder le visage transfiguré de l’athlète avec sa médaille après des années d’efforts et de renoncements. Le dépassement le transporte dans des zones insoupçonnées de joie.

© Pierre BLANCHETTE, 2024

L’EUCHARISTIE, SACREMENT D’UN AMOUR UNIVERSEL

L’EUCHARISTIE, SACREMENT D’UN AMOUR UNIVERSEL


VOICI QUELQUES EXTRAITS d’une homélie de Maurice Zundel au Caire en 1965. 

Le texte intégral est publié dans le livre Vie, Mort, Résurrection, Éditions Anne Sigier, 1995, p. 77 et sur le site internet mauricezundel.com 

Résumé (réf. site mauricezundel.com): Les liens personnels sont essentiels or l’Eucharistie est un lien plus fort qu’entre parents et enfants ou entre conjoints. Dans le cœur de Dieu il n’y a aucune limite ; pour s’unir, (nous sommes soutenus par) ce lien mystique de la table eucharistique qui est une communion d’Amour où tous les hommes doivent se rassembler en une fraternité universelle, en formant ce Corps Mystique qui embrasse toute l’humanité.

LES RELATIONS ESSENTIELLES

« Il est absolument impossible pour un père ou une mère, d’oublier leur relation avec leurs enfants. Dès lors que ce lien s’est créé, ce lien de paternité et de maternité, il s’est enraciné dans l’amour au point que, un père et une mère ne peuvent plus concevoir leur existence en dehors de cette relation avec leurs enfants.

Vous pouvez donc comprendre (…) que certaines relations essentielles sont si profondément enracinées en nous qu’elles font partie de vous-même, et que vous ne pouvez plus exister sans vivre ces relations, sans les exprimer, sans satisfaire à leurs exigences, et sans en porter, en porter à la fois, les joies et les douleurs.

LES LIENS PERSONNELS ET PROFONDS

Eh bien ! l’Eucharistie, ce Mémorial que nous faisons plus que commémorer puisque nous le vivons dans la réalité de la Présence du Christ, affirme, entre Jésus et chacun de nous, des liens plus personnels encore, plus profonds, plus intimes que les liens qui unissent les parents à leurs enfants et les époux à leur conjoint.

Jésus est intérieur à chacun de nous.

L’EUCHARISTIE, UN LIEN MYSTIQUE

Il est donc impossible d’aborder Jésus, impossible de le rencontrer, impossible de le connaître sans vivre en lui ces liens universels, sans vivre en lui cet Amour sans frontières et sans partialité.

Jésus a posé cette condition, si foncièrement humaine, si universellement humaine : « Vous ne pouvez venir à moi qu’ensemble ; vous ne pouvez venir à moi qu’en formant ce Corps Mystique qui embrasse toute l’humanité ; vous ne pouvez venir à moi qu’en portant le fardeau les uns des autres ; vous ne pouvez venir à moi qu’en aimant comme j’aime, qu’en respectant en moi ces relations consubstantielles, ces relations sans lesquelles je ne puis pas exister, ces relations qui, si vous me les refusez, me mutilent et font de moi une idole et un faux dieu, comme si on vous arrachait votre paternité et votre maternité ; vous viendrez donc à moi avec TOUTE cette humanité, avec toute cette histoire, avec tout cet univers ».

© Pierre BLANCHETTE, 2022 

 

SILENCE, HUMILITÉ ET DON DE SOI

SILENCE, HUMILITÉ ET DON DE SOI

Le silence

La pratique du silence creuse en nous un sillon où l’inquiétude cède le pas à la quiétude.

Le silence nous place sur la même longueur d’onde que Dieu. Son souffle est souvent contraire à l’air social que nous respirons. Il sort notre âme de l’asphyxie.

Recherchons les moments et les endroits de mise à l’écart pour entendre la voix de Dieu. Il se laisse toujours rejoindre quand notre disponibilité est au rendez-vous.

L’humilité

L’adoration silencieuse de Dieu nous entraine sur le chemin de l’humilité. « (…) je vis, mais ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi. » Galates 2, 20

Dans le registre de la foi, on ne s’approprie pas la vie. On est « collaborateur » d’un plus grand que soi. C’est ça, l’humilité. À travers nous, la Vie divine émerge.

Le don de soi

L’émergence à profusion de la Vie divine en nous produit un débordement, une forme de rayonnement qui se traduit par le don de nous-même.

Silence, humilité et don de soi

L’essentiel du message de Jésus dans le récit de l’apparition après sa résurrection nous met sur la piste d’une conversion, d’un retournement de tout l’être vers la mission qui nous est propre.

« La paix soit avec vous!

De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »

Il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. » Jean 20, 21-22

Apaisement par le silence; humilité par l’ouverture à l’Esprit; don de soi par la mission.

© Pierre Blanchette, 2022

LE DESSAISISSEMENT DE SOI

LE DESSAISISSEMENT DE SOI

Se dessaisir de soi pour saisir l’autre

La proximité avec les autres suppose un dessaisissement de soi, c’est-à-dire une forme de renoncement à ses préoccupations pour entrer dans le regard de l’autre. C’est une loi de la vie. « Si le grain ne meurt, il ne porte pas de fruit. »

Cette démarche est à l’opposé de l’égocentrisme.

Un cœur aimant est sensible et ouvert à la globalité de la vie, à la réalité, à tous les êtres.

L’expérience de la rencontre réciproque

Lorsque les deux mouvements de dessaisissement de soi et de saisissement de l’autre sont réciproques entre deux personnes ou dans un groupe, il se crée une expérience de rencontre enrichissante, voire même, parfois, exaltante. 

Ne retrouve-t-on pas, d’ailleurs, ces deux mouvements de don et d’accueil réciproques dans la Sainte Trinité?

Une expérience agissante dans l’Eucharistie

Par la communion à la Parole et à au Pain de Vie, Jésus fait sa demeure dans le croyant, et le croyant en Jésus. Il fait de notre vie, sa Vie. Nous faisons de sa Vie, notre Vie.

Dans le silence de notre être, l’adoration devant le Saint-Sacrement stimule et accentue la prise de conscience de cette dynamique relationnelle.

Unité et fraternité, deux axes de cette expérience

L’Eucharistie vécu dans la foi et l’abandon (dessaisissement de soi) nous fait entrer dans l’unité avec le Père et nous rend participant à la fraternité humaine.

© Pierre Blanchette, 2022

LE PREMIER AMOUR

LE PREMIER AMOUR

L’AMOUR est l’énergie la plus forte qui soit, de laquelle se dégage un potentiel de VIE qui nous connecte à ce que nous avons de meilleur en nous. Pas étonnant que l’expérience de nos premiers amours demeure gravée à tout jamais. On ne peut oublier le saisissement de ce bonheur inattendu. On réalise que, sans l’amour, la vie n’aurait aucun sens. De la qualité de nos premiers amours s’ensuit celle de nos engagements ultérieurs.  

Mais qui nous a aimé le premier? 

« Quant à nous, aimons, puisque lui (Dieu) nous a aimé le premier. » 1 Jean 4,19

Le coup d’envoi est donné.

En se disposant à recevoir l’AMOUR VIVANT de Dieu… la transformation, la guérison et la croissance s’opèrent. 

L’amour est PRÉSENCE

  • À la messe, non seulement le Seigneur est présent « au plus haut point sous les espèces eucharistiques; 
  • et dans sa parole;
  • mais également dans la personne du ministre;
  • et dans l’assemblée lorsque l’Église prie et chante les psaumes : Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux (Mt 18,20) ».

(Centre national de pastorale liturgique, Exultet Encyclopédie pratique de la liturgie, Bayard, 2000, page 140.)

Apprendre à aimer et à être aimé

NOTRE COMMUNION CONSCIENTE AUX MODES DE PRÉSENCE DU CHRIST DANS L’EUCHARISTIE POSSÈDE LE POTENTIEL DE SE RÉPERCUTER DANS NOTRE VIE QUOTIDIENNE.

« La messe, c’est la célébration de l’amour entre Dieu et nous; l’après-messe, c’est un envoi en mission pour apprendre à aimer et être aimé. » (Site internet du diocèse de Montréal)

  1. Le Christ se donne en nourriture. Son Corps et son Sang, c’est son être tout entier. 

SON RAYONNEMENT INFLUENCE NOS ENGAGEMENTS PAR LE DON TOTAL DE NOUS-MÊME.

  1. La Parole du Christ libère. Elle nous relie les uns les autres. Elle est à la base de tout développement.

APPRENONS À NOUS RÉFÉRER À SA PAROLE AU CŒUR DE NOS DÉCISIONS.

  1. Le Christ est présent dans la personne du ministre.

OSONS DEMANDER CONSEIL. 

  1. Le Christ est présent dans l’Assemblée.

NOTRE VIE QUOTIDIENNE EST CONSTITUÉE DE DIVERSES « ASSEMBLÉES » (milieux familial, professionnel et collectif). LE CHRIST Y EST PRÉSENT.

© Pierre Blanchette, 2022

LE DÉPASSEMENT DE SOI

LE DÉPASSEMENT DE SOI

Note au lecteur : En italique se trouve des questions fréquemment posées. Les réponses sont extraites en grande partie de citations d’auteurs reconnus. 

  • «La nature veille au grain. Jamais elle ne nous accordera le loisir malsain de nous installer dans l’insignifiance d’une existence sans dépassement. Elle sait, elle, que notre rassasiement ne se trouve qu’au-delà de nous-mêmes.» (1)

La thématique du dépassement de soi me rejoint particulièrement sur la route conduisant au bonheur. 

Quel lien est-il possible de faire avec l’Eucharistie?

D’abord, j’attire votre attention sur la raison d’être de l’Eucharistie, à savoir notre participation à la mort-résurrection du Christ. Il veut nous faire entrer dans le mouvement de sa Pâque, un mouvement de vie et de joie.

  • Iriez-vous jusqu’à dire que ce mouvement « mort-vie » ou « mort-résurrection » se réalise par le dépassement de soi-même?

Tout à fait.

Dans notre existence quotidienne, l’engrenage ou l’enchaînement « mort-vie » s’opère à chaque fois que l’amour nous décentre de nous-mêmes. Et, croyez-moi, ce n’est pas les occasions qui manquent.

Un premier pas consiste à être conscient des « morts » que nous avons à vivre, ne serait-ce que d’accomplir ses responsabilités avec calme et sérénité, et de prendre contact intérieurement avec la grande centrale d’où émanent la force et l’énergie que l’on appelle la prière. Au-delà des formules récitées machinalement, la prière est un état d’abandon qui englobe tout l’être. C’est ainsi que s’opère tout doucement en nous le mouvement « mort-résurrection », objet de la grâce eucharistique.

  • Je constate, en effet, ce mouvement « mort-résurrection »  par l’observation de certaines situations paradoxales comme celles-ci : c’est en conscientisant l’expérience de la perte que l’on a soif de retrouver; ou encore, on observe actuellement dans la société occidentale que plus le monde est profane, plus la soif de spiritualité est grande.

Ne crains pas d’accepter avec foi tes morts individuels. Elles te conduiront sur un chemin de Vie. N’hésite pas à t’en remettre au mystère eucharistique. Comme on le voit dans les écrits de Pierre Teilhard de Chardin, le mystère eucharistique est non seulement affirmé dans sa substance précise, mais manifesté dans une fécondité : « croissance du Corps mystique, Consécration du Cosmos. » (2)

© Pierre Blanchette, 2021

  1. Yves Girard O.C.S.O, Promis à la gloire… toi, Éditions Anne-Sigier, Québec, 1998, page 170.
  2. Pierre Teillard de Chardin, Hymne de l’Univers, Éditions du Seuil, 1961, page 14.
LE DON DE DIEU

Le vide en moi me pousse vers l’infini. Loin d’être vécu comme une absence de Dieu, il crée un espace de disponibilité, de questionnement, d’ouverture et d’accueil. 

Risquer le risque

On n’ose difficilement risquer dans la délectation du confort. Le don de Dieu, pour s’enraciner, exige une terre vierge, libre de toute suffisance. Naît alors la confiance que tout peut arriver. 

Être présent au surgissement

Le don de Dieu n’a que faire de la prétention, de l’arrogance, de l’orgueil. Il aime provoquer la surprise dans un cœur d’enfant. Il émerge dans l’inattendue. Bien que capable d’opérer des coups de théâtre, il a un parti pris pour l’attention silencieuse. Il n’attend de nous que d’être présent à son surgissement. Notre qualité de présence, voilà à peu près tout ce qui incombe de notre part. Accepter d’être là, tout simplement.

Mais attention!

« Qualité de présence » n’égale pas « passivité », mais dynamisme et courage de s’engager dans le mouvement provoqué par l’irruption du don. Cette poussée vers l’avant rend crédible et nécessaire de nouvelles perspectives de vie. 

« L’estime de la liberté, le souci de l’égalité, l’idéale de la solidarité, l’ouverture à la communication sans frontières, la capacité technique et la protection de l’environnement sont des valeurs indéniables qui suscitent l’admiration, font honneur au monde actuel et portent des fruits de justice et de fraternité. » (Cf L’Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde, document théologique de base pour le congrès eucharistique international de 2008, Éditions Anne-Sigier, Québec, 2006, page 11.)

© Pierre Blanchette, 2021

DE LA COMMUNICATION À LA TRANSMISSION

Disons ce qui est vrai. Il y a parfois des prises de parole pour lesquelles nous retenons très peu de chose. Communiquer n’est pas toujours transmettre.

Pour qu’une communication ne tourne pas à vide, il y a certaines conditions à respecter.

La mise en mouvement de la vie

La vie, elle est là, elle est en nous, elle nous entoure. Elle se développe lorsqu’elle circule. Le corps assure sa croissance par la transmission de l’énergie qui passe par l’activité physique, l’alimentation et l’environnement.

La transmission entraîne la mise en mouvement de la vie : l’artisan qui communique son savoir-faire, les parents qui éduquent leur enfant, le coach d’entreprise qui initie un nouvel employé, le conférencier qui anime son auditoire, etc.

Deux lois qui permettent d’apprendre

Comme la pièce d’une automobile que l’on appelle « transmission » fait mouvoir le véhicule en actionnant certains engrenages, il existe deux lois qui, une fois enclenchées, nous permettent d’apprendre. C’est ce que révèlent les neurosciences.

(Les citations suivantes sont tirées du texte de Céline Alvarez dans le livre Transmettre, Éditions Gallimard ltée, 2017, pages 56.)

  1. D’abord la motivation: « L’être humain ne peut pas apprendre lorsqu’il n’est pas motivé. » 

  1. Puis le lien social positif: « L’être humain ne peut pas apprendre ni se développer correctement dans un environnement où il ne se sent pas positivement relié à l’autre. (…) il n’est pas câblé pour cela. Lorsqu’il se sent jugé par exemple, cela provoque un stress qui lui est toxique, qui abime des structures cérébrales aussi fondamentales que celles de la mémoire (…) »

NOS PAROLES, NOS GESTES ET NOS MANIÈRES D’ÊTRE,  S’ILS ACTIONNENT CES DEUX LOIS, PERMETTENT À LA COMMUNICATION DE DEVENIR « TRANSMISSION ».

Question pour pousser la réflexion :

En quoi ces considérations sur la « transmission » ont un impact sur la prédication?

© Pierre Blanchette, 2021

LE DÉSENCOMBREMENT

Faire de la place

Nous vivons comme si seule l’accumulation donnait tout. Mais il y a une chose qu’on ne dit jamais à propos de la beauté bienfaisante des choses, c’est qu’un objet prend toute sa valeur lorsqu’il se trouve dans un lieu dégagé, un endroit qui lui donne toute la place. Disons-le, le désencombrement touche directement les couches profondes de l’âme. Cette constatation est également riche d’exemples au plan des relations interpersonnelles. On n’a qu’à penser à l’enthousiasme provoqué par la visite d’un membre de sa famille ou d’un ami pour lequel on cesse, pour un moment, ses activités habituelles pour se rendre disponible.

© Pierre Blanchette, 2021

L’AMOUR DONNE SENS AUX EXIGENCES

Si l’on donne au mot « religion » le sens de lois ou d’exigences, le christianisme auquel j’adhère ne relève pas de cette catégorie. Religion, du latin religio, signifie VÉNÉRATION, c’est-à-dire un respect fait d’adoration. Pour mieux saisir la nuance de mes propos, je dirais que sans AMOUR, la religion n’est pas du tout la religion.

La logique de l’amour

L’accueil et le don, caractéristiques essentielles de l’amour, donnent sens aux exigences. Par exemple, un père ou une mère est prêt à tout pour son enfant. Le gouvernement, pour nous inciter à appliquer les exigences sanitaires pendant la pandémie, nous dit de maintes façons de le faire pour nos proches, pour les personnes qu’on aime.

La religion n’invite pas aux sacrifices débilitants. Non, elle laisse place simplement à l’ouverture à l’autre, certes avec toutes ses difficultés et ses exigences, mais surtout avec le BONHEUR d’être solidaire. La religion a pour fonction de relier, à commencer par les rapports de l’âme humaine avec le sacré.

L’écoute et l’attention

L’attitude de vénération s’appuie sur l’écoute et l’attention. Dans la vénération, c’est l’autre qui attire mon admiration. Par conséquent, je me donne les moyens pour l’atteindre et y correspondre. Voici un exemple bien terre à terre pour comprendre ce principe. Parce que la course à pieds m’attire, je m’impose avec plaisir une discipline, des règles et des outils pour y parvenir (repos, alimentation, environnement, espadrilles). C’est d’abord et avant tout une question de « désir ».

Se placer sur la bonne fréquence

Comme l’a défini Alexander Graham Bell en 1881, le terme radio est une « abréviation de radiophonie, construit sur radius, rayon, et phonie, son. » (Cf Dictionnaire Bordas, Citations de la langue française, de Jean Prévost, 2007, page 457)

Par analogie, la religion m’amène à me placer sur la même longueur d’onde, certes de Dieu, mais aussi de  ceux et celles qui m’entourent pour entendre leurs sons (c’est-à-dire la richesse de leur vie).

À l’Eucharistie, NOUS SOMMES EN ONDE.

© Pierre Blanchette, 2021

MON CORPS DONNÉ POUR VOUS 

MON CORPS DONNÉ POUR VOUS 

 

L’eucharistie nous ouvre à différentes perspectives. Elle est une richesse inégalée pour nous guider dans notre vie spirituelle.

Attardons-nous ici à la notion du « corps », notamment à travers cette parole de Jésus « mon corps donné pour vous » (Luc 22, 19).

« Le « corps » dans la bible, c’est la personne humaine, pour autant qu’elle est capable d’entrer en relation avec ses semblables. » (1)

« Communier « au corps du Christ » signifie donc « entrer en communion avec sa personne ». (2)

« L’invitation à communier à son corps est donc une invitation à « entrer dans le circuit de ses propres relations avec le Père », ou « dans le circuit de l’Esprit vivifiant » qui est sa relation avec son Père. » (3)

« L’idée qui est transmise par ces termes est celle d’une présence personnelle du Christ qui lui permet le contact avec ceux qui s’approchent de lui dans la foi. » (4)

Une rencontre entre deux personnes se produit lorsque chacune d’elles, volontairement,se rapprochent de l’autre. Notre communion au Christ va dans le sens de cette logique, une logique faite d’apprivoisement et d’approfondissement, une logique qui repose sur la liberté de consentir à l’autre.

APPRIVOISER le Christ, c’est rencontrer en lui le commandement de l’amour, un amour qui envahit de l’intérieur, un amour qui projette vers l’extérieur.

APPROFONDIR notre relation avec lui passe nécessairement par le service de nos frères et sœurs.

La communion vécue à la messe ne s’arrête à la célébration. L’heure de vérité, c’est quand on quitte l’église pour retourner dans notre quotidien. Les dernières paroles prononcées à la messe ne sont-elles pas « Allez dans la paix du Christ. » ?

Par cette paix, « son corps donné pour nous » prend toute son ampleur, une ampleur faitede quiétude et de dépassement de soi.

Adorer dans le prolongement de la messe, une pratique féconde

Parce que Dieu est amour (1 Jean 4,8), adorer c’est se laisser prendre par Lui. L’amour n’est pas statique. C’est un mouvement. L’amour vient de Dieu. C’est lui qui nous imprègne, qui nous entraine dans son élan, provoquant ainsi notre propre réponse d’amour.

Recevoir en nous certaines caractéristiques propres au corps du Christ (à sa personne) ne va pas sans un abandon confiant à sa présence.

« Il faut toujours cultiver un espace intérieur qui donne un sens chrétien à l’engagement et à l’activité. Sans des moments prolongés d’adoration, de rencontre priante avec la Parole, de dialogue sincère avec le Seigneur, les tâches se vident facilement de sens, nous nous affaiblissons à cause de la fatigue et des difficultés, et la ferveur s’éteint. » (5)

Références :

(1) Michel JEAN, La Pâque du Christ et la nôtre : l’eucharistie, Les éditions du Cerf, Paris, 1981, page 19.
(2) Ibid, page 20.
(3) Ibid, page 21.
(4) Ibid, page 21.
(5) Exhortation apostolique La joie de l’évangile, EVANGELII GAUDIUM, 2013, numéro 262

© Pierre BLANCHETTE, 2024