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La célébration de l’Eucharistie.
Le philosophe, Justin, membre de la communauté de Rome — où il fut martyrisé en 165 — est pour nous le premier témoin de l’Eucharistie de cette communauté.
Personne ne doit prendre part à l’Eucharistie, sinon celui qui croit à la vérité de notre doctrine, qui a été baptisé pour obtenir le pardon des péchés et la nouvelle naissance, et qui vit selon l’enseignement que le Christ nous a transmis.
Car nous ne prenons pas l’Eucharistie comme un pain ordinaire ou une boisson ordinaire. De même que Jésus Christ notre Sauveur, en s’incarnant par la Parole de Dieu, a pris chair et sang pour notre salut : ainsi l’aliment devenu eucharistie par la prière contenant sa parole, et qui nourrit notre sang et notre chair en les transformant, cet aliment est la chair et le sang de ce Jésus qui s’est incarné. Voilà ce qui nous est enseigné.
En effet, les Apôtres, dans leurs mémoires qu’on appelle Évangiles, nous ont ainsi transmis l’ordre de Jésus : Il prit du pain, il rendit grâce et il dit : Faites cela en mémoire de moi. Ceci est mon corps. Il prit la coupe de la même façon, il rendit grâce et il dit : Ceci est mon sang. Et c’est à eux seuls qu’il le distribua. Depuis ce temps, nous n’avons jamais cessé d’en renouveler la mémoire entre nous.
Parmi nous, ceux qui ont de quoi vivre viennent en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, et nous sommes toujours unis entre nous. Dans toutes nos offrandes, nous bénissons le créateur de l’univers par son Fils Jésus Christ et par l’Esprit Saint.
Le jour appelé jour du soleil, tous, qu’ils habitent la ville ou la campagne, ont leur réunion dans un même lieu et on lit les mémoires des Apôtres et les écrits des prophètes aussi longtemps qu’il est possible.
Quand le lecteur a fini, celui qui préside fait un discours pour nous avertir et pour nous exhorter à mettre en pratique ces beaux enseignements.
Ensuite nous nous levons tous et nous faisons ensemble des prières. Puis, lorsque nous avons fini de prier, ainsi que je l’ai déjà dit, on apporte le pain avec le vin et l’eau. Celui qui préside fait monter au ciel des prières et des actions de grâce, autant qu’il en est capable, et le peuple acclame en disant : Amen. Puis on distribue et on partage à chacun les dons sur lesquels a été prononcée l’action de grâce ; ces dons sont envoyés aux absents par le ministère des diacres.
Les fidèles, qui sont dans l’aisance et qui veulent donner, donnent librement, chacun ce qu’il veut ; ce qu’on recueille est remis à celui qui préside et c’est lui qui vient en aide aux orphelins et aux veuves, à ceux qui sont dans le besoin par suite de maladie ou pour toute autre cause, aux prisonniers, aux voyageurs, aux étrangers ; bref, il vient en aide à tous les malheureux.
C’est le jour du soleil que nous faisons tous notre réunion, d’abord parce que c’est le premier jour, celui où Dieu, à partir des ténèbres et de la matière, créa le monde ; et c’est parce que ce jour-là est encore celui où Jésus Christ, notre Sauveur, ressuscita d’entre les morts. La veille du jour de Saturne (du samedi), on l’avait crucifié, et le surlendemain, c’est-à-dire le jour du soleil, s’étant montré à ses Apôtres et à ses disciples, il leur enseigna ce que nous avons exposé.
Saint Justin
Référence :
Katie Yoder, CITÉ DU VATICAN, 22 octobre 2023. Texte publié sur le site internet aciafrique.org
- « L’Eucharistie est le secret de ma journée. Elle donne force et sens à toutes mes activités de service à l’Église et au monde entier… Laissez Jésus présent dans le Saint-Sacrement parler à vos cœurs. C’est lui qui est la vraie réponse de la vie que vous cherchez. Il reste ici avec nous : il est Dieu avec nous. Cherchez-le sans vous fatiguer, accueillez-le sans réserve, aimez-le sans interruption : aujourd’hui, demain, pour toujours ! » – Discours aux jeunes de Bologne, 27 septembre 1997.
- « Avec l’Eucharistie, l’intimité devient totale ; l’étreinte entre Dieu et l’homme atteint son apogée. » – Audience générale, 11 octobre 2000
- « L’Eucharistie, mémorial de la Pâque du Christ, est par nature porteuse de l’éternel et de l’infini dans l’histoire humaine. » – Audience générale, 25 octobre 2000
- « Apportez à votre rencontre avec Jésus, caché dans l’Eucharistie, tout l’enthousiasme de votre âge, toutes vos espérances, tout votre désir d’aimer. » – Mane nobiscum Domine, 7 octobre 2004.
- « Recevoir l’Eucharistie signifie entrer dans une profonde communion avec Jésus. Demeurez en moi, et moi en vous » (Jn 15,4). Cette relation de « demeure » profonde et mutuelle nous permet d’avoir un certain avant-goût du ciel sur la terre. N’est-ce pas là le plus grand des désirs humains ? N’est-ce pas ce que Dieu avait en tête lorsqu’il a réalisé dans l’histoire son plan de salut? Dieu a mis dans le cœur de l’homme une « faim » de sa parole (cf. Am 8, 11), une faim qui ne sera satisfaite que par la pleine union avec lui. La communion eucharistique a été donnée pour que nous soyons « rassasiés » de Dieu ici-bas, dans l’attente de notre plein épanouissement au ciel. » – Mane nobiscum Domine, 7 oct. 2004
- « Parce que même lorsqu’elle est célébrée sur l’humble autel d’une église de campagne, l’Eucharistie est toujours, d’une certaine manière, célébrée sur l’autel du monde. Elle unit le ciel et la terre. Elle embrasse et imprègne toute la création ». – Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003
- « Dans les humbles signes du pain et du vin, changés en son corps et son sang, le Christ marche à nos côtés comme notre force et notre nourriture pour le voyage, et il nous rend capables de devenir, pour tous, des témoins de l’espérance. » – Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003
- « Jésus nous attend dans ce sacrement de l’amour ». – Dominicae Cenae, 24 février 1980
- » Jésus n’est pas une idée, un sentiment, un souvenir ! Jésus est une « personne » toujours vivante et présente avec nous ! Aimez Jésus présent dans l’Eucharistie. Il est présent de manière sacrificielle dans la Sainte Messe, qui renouvelle le Sacrifice de la Croix. Aller à la messe signifie aller au Calvaire pour le rencontrer, lui, notre Rédempteur. Il vient à nous dans la Sainte Communion et reste présent dans les tabernacles de nos églises, car il est notre ami. » – Discours aux jeunes italiens, 8 novembre 1978.
- » Si nous négligions l’Eucharistie, comment pourrions-nous surmonter notre propre déficience ? « . – Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003
- « Et le regard enchanté de Marie lorsqu’elle contemplait le visage du Christ nouveau-né et le berçait dans ses bras n’est-il pas ce modèle inégalé d’amour qui devrait nous inspirer chaque fois que nous recevons la communion eucharistique ? » – Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003
- Marie est une « femme de l’Eucharistie » dans toute sa vie. L’Église, qui regarde Marie comme un modèle, est également appelée à l’imiter dans sa relation avec ce très saint mystère. » – Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003
- « L’Église a reçu l’Eucharistie du Christ son Seigneur non pas comme un don – aussi précieux soit-il – parmi tant d’autres, mais comme le don par excellence, car il est le don de lui-même, de sa personne dans son humanité sacrée, ainsi que le don de son œuvre salvatrice. » – Ecclesia de Eucharistia, 17 avril 2003.
- « L’Eucharistie est avant tout un sacrifice ». – Dominicae Cenae, 24 février 1980.
- » L’Eucharistie nous éduque à cet amour de manière plus profonde ; elle nous montre, en effet, quelle valeur a aux yeux de Dieu chaque personne, notre frère ou notre sœur, si le Christ s’offre également à chacun, sous les espèces du pain et du vin. Si notre culte eucharistique est authentique, il doit nous faire grandir dans la conscience de la dignité de chaque personne. » – Dominicae Cenae, 24 février 1980
Référence :
PAPE FRANÇOIS, ANGÉLUS, Place Saint-Pierre, Dimanche 14 juin 2020
Chers frères et sœurs, bonjour!
On célèbre aujourd’hui, en Italie et dans d’autres pays, la solennité du Corps et du Sang du Christ, le Corpus Domini. Dans la deuxième lecture de la liturgie d’aujourd’hui, saint Paul réveille notre foi dans ce mystère de communion (cf. 1 Co 10, 16-17). Il souligne deux effets du calice partagé et du pain rompu: l’effet mystique et l’effet communautaire.
Au début, l’apôtre dit: «La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ?» (v. 16). Ces mots expriment l’effet mystique ou pourrait-on dire, l’effet spirituel de l’Eucharistie: celui-ci concerne l’union avec le Christ, qui s’offre pour le salut de tous dans le pain et le vin. Jésus est présent dans le sacrement de l’Eucharistie pour être notre nourriture, pour être assimilé et devenir en nous cette force rénovatrice qui redonne de l’énergie et redonne l’envie de se remettre en chemin, après chaque halte ou après chaque chute. Mais cela requiert notre assentiment, notre disponibilité à nous laisser transformer nous-mêmes, ainsi que notre façon de penser et d’agir; sinon les célébrations eucharistiques auxquelles nous participons se réduisent à des rites vides et formels. Très souvent, on va à la Messe, mais parce que l’on doit y aller, comme un acte social, respectueux, mais social. Mais le mystère est une autre chose: c’est Jésus présent qui vient pour nous nourrir.
Le deuxième effet est communautaire et il est exprimé par saint Paul avec ces mots: «Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps» (v. 17). Il s’agit de la communion réciproque de ceux qui participent à l’Eucharistie, au point de devenir un seul corps entre eux, comme le pain que l’on rompt et que l’on distribue est unique. Nous sommes une communauté, nourris par le corps et par le sang du Christ. La communion au corps du Christ est un signe concret d’unité, de communion, de partage. On ne peut pas participer à l’Eucharistie sans s’engager dans une fraternité réciproque, qui soit sincère. Mais le Seigneur sait bien que nos seules forces humaines ne suffisent pas à cela. Et il sait même que parmi ses disciples il y aura toujours la tentation de la rivalité, de l’envie, des préjugés, de la division… Nous connaissons tous ces choses. C’est également pour cela qu’il nous a laissé le Sacrement de sa Présence réelle, concrète et permanente, de façon à ce qu’en restant unis à Lui, nous puissions toujours recevoir le don de l’amour fraternel. «Demeurez dans mon amour» (Jn 15, 9), a dit Jésus; et c’est possible grâce à l’Eucharistie. Demeurer dans l’amitié, dans l’amour.
Ce double fruit de l’Eucharistie: le premier, l’union avec le Christ, et le second, la communion entre tous ceux qui se nourrissent de Lui, génère et renouvelle constamment la communauté chrétienne. C’est l’Eglise qui fait l’Eucharistie, mais ce qui est plus fondamental c’est que l’Eucharistie fait l’Eglise et lui permet d’être sa mission, avant même de l’accomplir. Voilà le mystère de la communion, de l’Eucharistie: recevoir Jésus pour qu’il nous transforme de l’intérieur et recevoir Jésus pour qu’il fasse de nous l’unité et non la division.
Que la Sainte Vierge nous aide à toujours accueillir avec émerveillement et gratitude le grand don que Jésus nous a fait en nous laissant le Sacrement de son Corps et de son Sang.
L’aujourd’hui de Dieu
La lecture d’un chapitre du livre L’intelligence de la liturgie de Paul DE CLERCK (Paris, Cerf, coll. « Liturgie » no 4, 1995, p. 141-158) a été pour moi une source d’inspiration pour mieux comprendre la temporalité en liturgie.
« Aujourd’hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez » (Luc 4, 21). En prononçant cette parole à la suite de la lecture d’un extrait du livre d’Isaïe, Jésus informe ses auditeurs que la libération promise s’actualise par sa présence en ce monde. Cette présence ne nous a jamais quittés et cette parole est toujours actuelle. Elle proclame que « Dieu est à l’œuvre en cet âge » (Didier Rimaud). La liturgie eucharistique nous situe dans ce rapport d’actualité avec Dieu par son Fils et dans l’unité de l’Esprit. Les textes des prières sont formulés au présent comme expression actuelle à Dieu vivant parmi nous.
La liturgie introduit dans notre actualité le fruit de l’événement passé de sa résurrection et rend possible le passage entre nos morts quotidiennes et une vie renouvelée. Ainsi, le passé est ramené au présent et non le contraire. Les prières font appel aux œuvres de Dieu, pour lui en demander le prolongement dans le monde actuel.
La liturgie anticipe aussi sur la vie future. Elle nous donne à voir et à goûter notre rencontre ultime avec Dieu et le retour de Jésus à la fin des temps. « Sur nous tous enfin, nous implorons ta bonté : permets (que)… nous ayons part à la vie éternelle, et que nous chantions ta louange et ta gloire, par ton Fils Jésus, le Christ » (Intercession à la fin de la Prière eucharistique II). Notre communion à Lui dans l’Eucharistie est le signe de notre communion future et définitive avec Lui et avec nos frères et sœurs en humanité.
Au cours de la liturgie, sont donc évoqués le passé dans le mémorial et le futur de l’attente du retour glorieux du Christ. Ces deux dimensions : passé et futur se rencontrent ainsi dans le présent (l’Aujourd’hui) de Dieu.
© Victor Bilodeau, 2022
(Le dessein du Dieu sur nous)
« Ce que tu as vu passer comme un Monde, derrière le chant (…), derrière les yeux, n’est pas ici ni là : c’est une PRÉSENCE répandue partout. Présence vague encore (…) mais progressive et profonde, en Qui aspirent à fondre toute diversité et toute impureté. » Teilhard de Chardin (1)
- Quelle est donc cette vie qui est nôtre, si enclin à la désolation lorsque fermée sur elle-même, mais si expansive (porteuse de joie) lorsqu’ouverte au dépassement?
- Quel est donc cet amour fulgurant, dont la foi est chargée, qui nous place en orbite dans l’infini?
- Quelle est donc la visée (l’aspiration) de Dieu pour chacun de nous?
« Dieu, infiniment Parfait et Bienheureux en Lui-même, dans un dessein de pure bonté, a librement créé l’homme pour le faire participer à sa vie bienheureuse. C’est pourquoi, de tout temps et en tout lieu, Il se fait proche de l’homme. Il l’appelle, l’aide à Le chercher, à Le connaître et à L’aimer de toutes ses forces. Il convoque tous les hommes que le péché a dispersés dans l’unité de sa famille, l’Église. Pour ce faire, Il a envoyé son Fils comme Rédempteur et Sauveur lorsque les temps furent accomplis. En Lui et par Lui, Il appelle les hommes à devenir, dans l’Esprit Saint, ses enfants d’adoption, et donc les héritiers de sa vie bienheureuse. » (2)
© Pierre Blanchette, 2021
- Teilhard de Chardin, Hymne de l’Univers, Éditions du Seuil, Paris, 1961, page 91
- Catéchisme de L’Église catholique, Éditions de la CECC (Conférence des évêques catholiques du Canada), 1992, no 1.
Les sacrements sont :
- des signes efficaces de la grâce
- institués par le Christ et confiés à l’Église
- par lesquels la vie divine nous est dispensée. (1)
Les sacrements nous font prendre conscience de la présence aimante et agissante de Dieu au milieu de nous. Ils sont un « signe visible d’une réalité invisible ». (Saint-Augustin, 354−430)
Les sacrements contribuent à faire naître et grandir le Christ en nous.
Les sacrements ne sont pas une fin en soi. Ils impliquent un engagement de notre part. L’amour reçu de Dieu nous est confié pour que nous portions du fruit au cœur du quotidien.
Les sacrements comportent trois dimensions
Un signe. C’est ce que l’on voit : de l’eau, de la lumière, du pain, du vin, des mains imposées, etc. Ces signes sont visibles.
Un signe indique une réalité extérieure à lui-même. Par exemple, une salutation de la main indique l’amitié, un feu rouge sur la route indique la nécessité d’immobiliser son véhicule, les miracles de Jésus indiquent la présence agissante de Dieu. Sacrement veut dire signe sacré (Saint-Augustin)
Une parole. Chaque sacrement implique l’énoncé de paroles précises, comme « Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. »
Un symbole. Ces signes et ces paroles expriment pour les croyants la présence et l’action de Dieu.
Dans le cas de l’Eucharistie : « Ce signe, inchangé en apparence, livre le Verbe incarné en personne, tout son être et tout son amour humains et divins.» (2) Le pain et le vin deviennent « présence réelle » (transsubstantiation).
L’efficacité des sacrements : ex opere operato et opere operantis
Les sacrements « RÉALISENT CE QU’ILS SIGNIFIENT ». Ils sont des signes sensibles et efficaces de l’action du Christ en faveur de la personne humaine.
Les sacrements agissent « EX OPERE OPERATO, c’est-à-dire du seul fait que l’action est accomplie. Les sacrements donnent réellement la grâce qu’ils signifient.
Il s’ensuit que « le sacrement n’est pas réalisé par la justice de l’homme qui le donne ou le reçoit, mais par la puissance de Dieu » (Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIIa, q. 68, a. 8.) « Dès lors qu’un sacrement est célébré conformément à l’intention de l’Église, la puissance du Christ et de son Esprit agit en lui et par lui, indépendamment de la sainteté personnelle du ministre. » (3)
Bien que les sacrements donnent la grâce ex opere operato, du fait de l’accomplissement même de l’acte, Dieu tient compte des dispositions de l’âme humaine qui le reçoit. Il tient compte de notre liberté. « (…) les fruits des sacrements dépendent aussi des dispositions de celui qui les reçoit. » (4)
« La libre initiative de Dieu réclame la libre réponse de l’homme (…)» (4)
L’expression théologique qui exprime cette idée est que les sacrements sont efficaces « EXOPERE OPERANTIS » aussi bien qu’ex opere operato.
Ils sont efficaces ex opere operantis parce que, comme l’indique Saint-Augustin, « Dieu qui nous a créés sans nous ne nous sauvera pas sans nous ».
© Pierre Blanchette, 2021
- Catéchisme de L’Église catholique, Éditions de la CECC (Conférence des évêques catholiques du Canada), 1992, no 1131.
- René Laurentin, Vie authentique de Jésus Christ, Éditions Fayard, 1996, page 380.
- Catéchisme de L’Église catholique, no 1128.
- Ibid, no 1128
- Ibid, no 2002.
Note au lecteur : Les lettres mises en majuscule sont de moi afin de faire ressortir davantage le fil conducteur du texte.
« L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ : c’est-à-dire de l’œuvre du salut accomplie par la vie, la mort et la résurrection du Christ, ŒUVRE RENDUE PRÉSENTE par l’action liturgique. » (1)
« Faites ceci en mémoire de moi. »
« Au sommet de l’économie des sacrements, il y a l’eucharistie, sacrement du corps et du sang de Jésus, QUI CONSTRUIT L’ÉGLISE DANS LE TEMPS en faisant d’elle le corps mystique du Christ.
(…) Pour comprendre la nature et la portée de l’eucharistie il faut partir de l’idée de MÉMORIAL, issue des paroles : « FAITES CECI EN MÉMOIRE. » Étant donné les références au corps livré et au sang versé, cette mémoire concerne à l’évidence la PASSION de Jésus, mais aussi son aboutissement, la RÉSURRECTION. » (1)
L’eucharistie est un mémorial au sens le plus fort du terme. Le mystère pascal (mort et résurrection) ACCOMPLIT POUR NOUS ICI ET MAINTENANT CE QU’IL SIGNIFIE.
L’action de l’Esprit rejaillit jusqu’à nous
L’eucharistie est à la fois mémorial du Christ et action de l’Esprit. Elle est le lieu privilégié dans lequel le dynamisme pascal, rendu actif par l’Esprit, TRAVERSE LE TEMPS.
« C’est l’Esprit qui active la puissance énergétique du Mémorial. (…) L’imploration à l’Esprit ou épiclèse est à la fois une demande pour que l’Esprit transforme le pain et le vin, et une demande pour que, sous l’action de l’Esprit, la célébration du Mémorial soit vraiment efficace, qu’elle porte tous ses fruits, ET QUE NOUS SOYONS NOUS-MÊMES REMPLIS D’ESPRIT. » (2)
© Pierre Blanchette, 2021
- Catéchisme de L’Église catholique, Éditions de la CECC (Conférence des évêques catholiques du Canada), 1992, no 1409.
- Bernard Sesboüé, Croire, Éditions Droguet et Ardant, Paris, 1999, page 489.
- Raymond Johanny, L’eucharistie, chemin de résurrection, Desclée et Cie, Paris, 1974, page 180.
« Les signes essentiels du sacrement eucharistique sont le pain de blé et le vin du vignoble, sur lesquels est invoquée la bénédiction de l’Esprit Saint et le prêtre prononce les paroles de la consécration dites par Jésus pendant la dernière Cène : « Ceci est mon Corps livré pour vous (…) Ceci est la coupe de mon Sang… » (1)
Des signes profondément enracinés
Pendant plusieurs siècles dans l’Église, notamment de la fin du IVe au Xe siècle, « le pain et le vin étaient très concrètement le fruit du travail des fidèles, et l’Eucharistie, profondément enracinée dans la vie agraire des communautés paysannes, étaient aussi action de grâces pour les fruits de la terre. » (2) En effet, il y avait « l’obligation pour les fidèles d’apporter chaque dimanche à la table eucharistique leur offrande, des pains déjà cuits ou de la farine, du vin dans des cruches. » (3) On insistait également sur la responsabilité des plus riches à l’égard des plus pauvres dans ce qu’on devait apporter.
Le signe du pain
La veille de sa passion, à la dernière Cène, Jésus fait « don de son corps comme pain pour la vie du monde. » (4) Peu de temps avant, il y avait eu le miracle de la multiplication des pains comme signe avant-coureur de ce don total de lui-même qu’il a fait à son dernier repas.
Le signe du vin
Le signe du vin nous conduit au symbole de la vigne, très riche au plan christologique. » Elle (la vigne) signifie l’union indissoluble de Jésus avec les siens qui, par lui et avec lui, sont tous la vigne et dont la vocation consiste à « demeurer » dans la vigne. » (5)
On attend de la vigne des raisins et donc un vin délicieux. Ainsi la vigne « a toujours besoin d’être nettoyée, purifiée. » (6)
QUESTIONS D’ACTUALISATION (rendre actuel)
- Comment nous nourrir de Dieu, en sorte qu’il devienne notre pain?
- Notre vie traverse des processus de purification qui, comme la vigne, vise à obtenir des fruits savoureux. En union à la volonté de Dieu, quels fruits portons-nous?
© Pierre Blanchette, 2021
- Catéchisme de L’Église catholique, Éditions de la CECC (Conférence des évêques catholiques du Canada), 1992, no 1412.
- EUCHARISTIA, encyclopédie de l’Eucharistie, sous la direction de Maurice Brouard, Éditions du Cerf, Paris, 2002, page 125.
- EUCHARISTIA, encyclopédie de l’Eucharistie, ibid, page 125.
- Joseph Ratzinger Benoît XVI, Jésus de Nazareth, Éditions Flammarion, Paris, 2007, page 290.
- Joseph Ratzinger Benoît XVI, ibid, page 286.
- Joseph Ratzinger Benoît XVI, ibid, page 287.
« L’Eucharistie fait l’Église. »
Source et sommet, c’est quand deux réalités sont causes l’une de l’autre. « L’Église fait l’Eucharistie, mais l’Eucharistie fait également l’Église. » (1)
La vie chrétienne a deux objectifs que l’Eucharistie signifie et réalise : la communion de vie avec Dieu et l’unité des êtres humains. Le monde est une réalité à construire, à entretenir, à rénover. Le Dieu Sauveur est aussi le Dieu Créateur. L’Eucharistie initie la vie chrétienne et lui permet d’atteindre son sens ultime.
« L’Eucharistie concentre toutes les énergies du ressuscité. Ainsi la Puissance de l’Esprit donne vie nouvelle au pain et vin qui devient Christ pour tout un chacun. Cette puissance de transformation constitue l’action de grâces du chrétien appelé à changer le monde, car c’est toute la création qui est en enfantement de résurrection. » (2)
L’Eucharistie engage envers les pauvres
« Pour recevoir dans la vérité le Corps et le Sang du Christ livrés pour nous, nous devons reconnaître le Christ dans les plus pauvres, ses frères. » (3)
« Tu as goûté au Sang du Seigneur et tu ne reconnais même pas ton frère. » (S. Jean Chrysostome)
QUESTIONS D’ACTUALISATION (rendre actuel)
- En quoi l’évangile de Mathieu, 25 peut-il être considéré comme le prolongement de l’Eucharistie (sommet de la vie chrétienne)?
- En quoi l’Eucharistie peut nous aider à vivre Mathieu, 25 (à en être sa source)?
© Pierre Blanchette, 2021
- Expression d’une grande densité du théologien Henri de Lubac.
- Préface de Pierre Talec dans le livre de Raymond Johanny, L’Eucharistie, chemin de résurrection, Desclée, Paris, 1974, page 9.
- Catéchisme de L’Église catholique, Éditions de la CECC (Conférence des évêques catholiques du Canada), 1992, no 1397.
Jésus dit : « Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais (…). Qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle (…) il demeure en Moi et Moi en lui » (Jn 6, 51. 54. 56). (1)
Jésus est « pain vivant » à travers sa parole (ce qu’il dit) et à travers son corps (ses actes). L’intégrité d’une personne rend indissociable ces deux aspects. « Les bottines suivent les babines », dit-on dans le langage courant.
À l’Eucharistie, on nous présente « le Pain de vie pris sur la Table de la Parole de Dieu et du Corps du Christ ». (2) La manne au désert préfigurait l’Eucharistie. « Jésus leur dit (…) Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, mais c’est mon père qui vous donne le véritable pain du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » (Jn 6, 32-33).
La richesse de ce sacrement
« On l’appelle Eucharistie parce qu’il est action de grâce. Les mots eucharistein et eulogein rappellent les bénédictions juives qui proclament – surtout pendant le repas – les œuvres de Dieu : la création, la rédemption et la sanctification. » (3)
Repas du Seigneur et fraction du Pain
« Repas du Seigneur parce qu’il s’agit de la Cène que le Seigneur a prise avec ses disciples la veille de sa passion, et de l’anticipation du repas des noces de l’Agneau dans la Jérusalem céleste (…). Fraction du Pain. C’est à ce geste que les disciples Le reconnaîtront après sa résurrection, et c’est de cette expression que les premiers chrétiens désigneront leurs assemblées eucharistiques. » (4) « Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres, à la fraction du pain et aux prières. » (Ac 2, 42)
Un corps aux dimensions cosmiques
« Le Corps eucharistique est celui du Jésus historique transfiguré dans le Christ ressuscité. C’est le corps de l’enfant dans la crèche, le corps souffrant la passion sur la croix, le corps ressuscité et glorifié. Et ce corps englobe toute l’humanité et tout l’univers. » (5)
« Le Christ, dont la présence est actualisée par l’Esprit, n’identifie pas seulement le pain et le vin à son corps et à son sang, il relie cette identification à la notion de « multitude », « pour laquelle il s’offre lui-même. » (6) (Mt, 26 – 28).
QUESTIONS D’ACTUALISATION (rendre actuel)
- Comment le Christ, Pain vivant, a-t-il un impact sur moi?
- Comment je collabore à l’incorporation du Christ dans ma vie?
- Comment suis-je nourriture (facteur de croissance) pour les autres?
© Pierre Blanchette, 2021
- Catéchisme de L’Église catholique, Éditions de la CECC (Conférence des évêques catholiques du Canada), 1992, no 1406.
- Catéchisme de L’Église catholique, ibid, no 103.
- Catéchisme de L’Église catholique, ibid, no 1328.
- Catéchisme de L’Église catholique, ibid, no 1329.
- EUCHARISTIA, encyclopédie de l’Eucharistie, sous la direction de Maurice Brouard, Éditions du Cerf, Paris, 2002, page 443.
- EUCHARISTIA, encyclopédie de l’Eucharistie, ibid, page 451.
Note au lecteur : En italique se trouve des questions fréquemment posées. Les réponses sont extraites en grande partie de citations d’auteurs reconnus.
- Qu’est-ce qui motivait Jésus à agir au point où toute son énergie était mobilisée par sa mission?
C’est l’AMOUR, ni plus ni moins.
C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’il faut considérer l’Eucharistie. « Le Seigneur ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin. Sachant que l’heure était venue de partir de ce monde pour retourner à son Père, au cours d’un repas, il leur lava les pieds (geste de service) et leur donna le commandement de l’amour.
Pour leur laisser un gage de cet amour, pour ne jamais s’éloigner des siens et pour les rendre participants de sa Pâque, il institua l’Eucharistie comme mémorial de sa mort et de sa résurrection, et il ordonna à ses apôtres de la célébrer jusqu’à son retour, les établissant alors prêtres du Nouveau Testament. » (1)
- Faut-il comprendre que la grandeur, la profondeur et l’aspect inusité de l’Eucharistie ne s’expliquent que par l’amour?
En effet, de par sa nature, l’amour cherche à se transmettre, à grandir, à se maintenir, à se perpétuer et à s’immortaliser dans l’espace et dans le temps. Par analogie, l’amour que des parents portent pour leur enfant ne s’arrête pas avec la mort. Dans cette continuité, il prend simplement une nouvelle dimension. Dieu, en Jésus, refuse de capituler devant le fait que tout s’arrête avec son départ. Dans la vie, il y a quelque chose de plus fort que le pragmatisme des apparences extérieures, c’est l’AMOUR.
© Pierre Blanchette, 2021
- Catéchisme de L’Église catholique, Éditions de la CECC (Conférence des évêques catholiques du Canada), 1992, no 1337, page 287.
Jean 6, 22-59
Nous invitons le lecteur ou la lectrice à lire le discours sur le Pain de vie avant la lecture de ce résumé du commentaire de Jean Zumstein publié dans le livre : Le Nouveau Testament commenté, Texte intégral Traduction œcuménique de la Bible sous la direction de Camil Focant et Daniel Marguerat, Bayard, 2012, p. 437.
Cet extrait de l’Évangile de Jean et ce texte explicatif nous éclairent sur le Don de Vie de Jésus pour nous.
Constatant l’absence de Jésus et de ses disciples, la foule quitte le lieu où s’est produit le signe (multiplication) des pains et regagne Capharnaüm pour retrouver Jésus et se mettre à l’écoute de son enseignement. L’entretien comprend cinq échanges.
Le premier échange porte sur la véritable nature du pain offert par Jésus. Face à la foule qui l’a rejoint, Jésus opère une distinction fondamentale. Alors que ses auditeurs sont en quête du pain matériel qui assure l’alimentation quotidienne, et qu’ils croient l’avoir trouvé grâce au miracle qui vient d’avoir lieu, c’est un autre pain que Jésus a en vue, non pas une nourriture périssable, mais une nourriture qui donne véritablement la vie. Ce pain est la révélation que Dieu offre à travers la personne de son Fils. Pour l’obtenir, le seul « travail » requis est la foi en Jésus.
Dans un deuxième échange, la foule, tout en admettant que le véritable pain est un don, s’interroge sur l’identité et la légitimité du donateur. Elle demande un signe qui authentifie la prétention de Jésus, car elle possède déjà, dans son histoire, un mythe du pain – le récit du don de la manne au désert (Exode 16). Face à ce rappel, Jésus invite ses interlocuteurs à un changement de perspective : la source du pain ne se trouve pas dans un passé célébré par la tradition, mais dans le présent. Le véritable donateur n’est plus Moïse, mais Dieu lui-même. Ce pain qui est donné par Dieu et qui descend du ciel n’est plus une matière – la manne – mais une personne. Et la qualité insurpassable de ce pain « céleste » et d’offrir la vie en plénitude au monde dans son ensemble.
Le troisième échange porte l’argumentation à son point culminant. En réponse à la demande de la foule, Jésus clarifie sans ambages son identité par la déclaration « Je suis le pain de vie ». Cette parole est accompagnée d’une promesse. En s’identifiant au pain, Jésus se présente comme celui qui, à l’exclusion de tout autre, est et donne ce qui est le plus nécessaire à la vie de chaque être humain. Cet accès à la vie en plénitude, exprimé à travers les métaphores de la faim et de la soif, n’est possible que dans la foi.
Le quatrième échange est également un commentaire en lien avec l’identification de Jésus au « pain de vie ». Les « Juifs », qui ont remplacé la foule, interviennent pour mettre en question cette prétention. C’est le scandale de l’incarnation. Comment un homme ordinaire, le fils de Joseph, pourrait-il être le pain de vie descendu du ciel? Jésus répond à ses contradicteurs par deux arguments. Tout d’abord, seul l’appel de Dieu et une lecture fondée sur l’Écriture, en particulier des prophètes, permettent de découvrir sa véritable identité. Ensuite, il est le seul à avoir vu Dieu et il est donc le seul à pouvoir le représenter parmi les hommes. C’est pourquoi, à la différence de la génération du désert qui est morte bien qu’elle ait bénéficié de la manne, il est le seul – en tant que pain descendu des cieux – à offrir la vie éternelle.
Le dernier échange entre Jésus et les Juifs prend appui sur l’identification que Jésus a faite entre le pain et sa chair… La dispute qui oppose les Juifs entre eux signale un changement dans la terminologie : il ne s’agit plus de manger le pain descendu du ciel, mais de manger la chair de Jésus. Comme le montre la réponse de Jésus, les expressions « manger la chair du Fils de l’homme » et « boire son sang » appartiennent au langage eucharistique. La perspective adoptée est celle du Christ ressuscité : la question abordée est celle de l’appropriation du sens salvateur de la mort du Christ… À travers la célébration de l’eucharistie, le croyant reçoit la vie en plénitude dont le garant est la résurrection au dernier jour. L’eucharistie est riche d’une telle promesse: parce qu’à travers elle se construit une véritable relation entre Jésus et le croyant.
Résumé de
Victor Bilodeau
© Victor Bilodeau, 2021
Le miracle de la multiplication des pains préfigure le don total que Jésus fera de lui-même à son dernier repas, la veille de sa Passion.
1er aspect de ce miracle : la compassion
« En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. » Marc 6, 34
Jésus n’a pas multiplié les pains et les poissons sur demande, mais par TENDRESSE. La tendresse est liée au geste. Ma grand-mère avait une expression pour nommer la tendresse : les PETITS SOINS. C’était pour elle la « tendresse en actes ».
Jésus aimait ceux et celles rassemblés autour de lui. Multiplier et rompre le pain, c’était partager ensemble l’amour qui vient de Dieu.
2ème aspect : le don
« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction et rompit les pains ; il les donnait aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous. » Marc 6, 41
Les termes utilisés « prendre, bénir, rompre et partager » sont le reflet de son dernier repas. Le pain et la coupe de vin qu’il a partagés à la Cène représentent son corps et son sang. Le corps symbolise toute sa personne et le vin, sa vie.
« Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » Jean 6, 54
Questions pour pousser la réflexion :
– A-t-on idée de l’impact, sur notre propre vie, de la personne vivante du Christ que nous recevons à chaque Eucharistie? Croyons-nous qu’il se laisse émouvoir?
– Notre quotidien est-il fait de « petits soins », ceux que nous recevons, ceux que nous donnons? Imaginons une existence sans tendresse, quelle désolation. Si on se plaint parfois d’en recevoir peu, on a quand même le pouvoir d’en donner beaucoup. Amour attire amour.
© Pierre Blanchette, 2021
Le témoignage le plus connu relatif à l’Eucharistie, rédigé quelques années à peine après les évènements rapportés dans le Nouveau Testament, est celui du philosophe Justin de Naplouse. On le connait aujourd’hui sous le nom de Saint-Justin. Il naquit en Galilée à Flavia Neapolis (aujourd’hui Naplouse de Cisjordanie). Il s’agit d’un secteur de la Galilée non loin du puits où Jésus avait promis l’eau vive à la Samaritaine. Justin se convertit à la foi chrétienne vers les années 130.
Vers 150, il adressa à l’empereur Antonin le Pieux deux lettres pour défendre la foi chrétienne. C’est là qu’il parle de l’Eucharistie. Il a rédigé ses requêtes (que l’on appelle apologie) pour sauver la vie des chrétiens qui sont condamnés parce qu’ils portent ce nom. Justin fera son témoignage au péril de sa propre vie. En effet, il sera lui-même exécuté vers 165.
Les citations suivantes, tirées de son Apologie, font ressortir trois aspects de la célébration chrétienne :
- une communauté de charité et de prière ayant le souci d’aider les plus démunis;
- la liturgie de la Parole (lecture, homélie, prière de la communauté et de l’Église universelle);
- la liturgie eucharistique (présentation des offrandes, prière eucharistique, acclamation du peuple par l’Amen et la communion).
Une communauté de charité et de prière
« Ceux qui ont des ressources viennent en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, et nous nous prêtons toujours assistance.
Dans tout ce que nous offrons, nous bénissions le créateur de l’univers par son Fils Jésus Christ et par l’Esprit Saint.
Célébration dominicale
Le jour que l’on appelle jour du Soleil, tous, qu’ils habitent les villes et les campagnes, se rassemblent en un même lieu.
On lit alors les Mémoires des Apôtres ou les Écrits des Prophètes aussi longtemps que le temps le permet.
Quand le lecteur a terminé, celui qui préside prend la parole et exhorte à imiter ces beaux enseignements.
Nous nous levons ensuite tous ensemble et nous prions.
Puis, comme nous l’avons dit plus haut, lorsque la prière est terminée, on apporte du pain, du vin et de l’eau. Celui qui préside fait alors des prières et des actions de grâces autant qu’il le peut. Et tout le peuple répond pas l’acclamation : Amen » (Apologie 1, 67)
Communion
« Nous appelons cet aliment « Eucharistie ». Personne ne peut y prendre part s’il n’a reçu le bain qui remet les péchés et qui régénère, et s’il ne vit selon la doctrine du Christ. Car nous ne prenons pas cet aliment comme du pain et du vin ordinaires. Mais, de même que par la Parole de Dieu, Jésus-Christ s’est incarné, qu’il a pris chair et sang pour notre salut, de même aussi cette nourriture, qui est devenue Eucharistie grâce à la prière formée des paroles du Christ, et qui nourrit et qui s’assimile à notre chair et à notre sang, est la chair et le sang de Jésus incarné : telle est la doctrine que nous avons reçue.
Les Apôtres, en effet, dans leurs Mémoires qu’on appelle « Évangiles », nous rapportent que Jésus leur fit cette recommandation : après avoir pris du pain, il rendit grâce et dit : « Faites ceci en mémoire de moi, ceci est mon corps »; de même, après avoir pris la coupe, il rendit grâce et dit : « Ceci est mon sang. » C’est à eux seuls qu’il les leur donna. (Apologie 1, 65-66)
Ces citations de l’Apologie de Justin sont extraites du livre de Lucien Deiss, la cène du Seigneur, eucharistie des chrétiens, Éditions du Centurion, France, 1975, pages 32 et 33.
Question pour pousser la réflexion…
En quoi le témoignage de Justin nous interpelle dans la pratique actuelle de la messe?
© Pierre Blanchette, 2021
LA PRÉSENCE
Une qualité de présence
Ce qui rend toutes relations interpersonnelles épanouissantes, c’est la qualité de présence. Avec elle, même les jours sombres crient la joie. On ne se lasse pas de quelqu’un qui nous offre une présence de qualité. Sa confiance, son écoute et son soutien nous dévoilent le miracle de la personne humaine, dans tout ce qu’elle est capable de beau, de bon et de bien.
Les trois niveaux de présence
Dans le dictionnaire, le mot « présent » a trois sens :
- L’instant présent (être dans le temps où nous sommes, qui se réalise à l’instant même);
- Être présent (être là, non pas absent);
- Un présent (dans le sens de cadeau).
Vivre l’instant présent avec la personne aimée, être à ses côtés et se considérer pour elle comme un cadeau (i.e. un don de toute sa personne), n’est-il pas l’amour à son meilleur?
La présence en tant que relation
Être présent ne se limite pas à la proximité. C’est beaucoup plus qu’être simplement « à côté de ». C’est établir un rapport de connaissance et d’amour. Un parent obligé de s’exiler pour assurer la subsistance de sa famille demeure pleinement présent par le cœur à ses enfants dont il est absent.
On a tous fait l’expérience de rencontres où nous faisions « acte de présence » sans pour autant que l’attention bienveillante aux autres soit au rendez-vous. Être présent corporellement prend tout son sens dans la mesure où « l’amour en soi » fait appel à « l’amour en l’autre », et vice-versa. C’est le critère fondamental d’une qualité de présence.
La présence réelle
Pas surprenant que Dieu ait fait de la présence réelle, un élément important du sacrement de l’Eucharistie.
« Quand l’Église célèbre l’Eucharistie, elle fait mémoire de la Pâque du Christ, et celle-ci devient présente : le sacrifice que le Christ a offert une fois pour toutes sur la Croix demeure toujours actuel. » (Catéchisme de l’Église catholique, CECC, 1992, no 1364)
Pierre Blanchette, le 3 avril 2021
© Pierre Blanchette, 2021
Pour bien comprendre la portée de l’Eucharistie, il importe AU POINT DE DÉPART de saisir que Dieu a créé l’univers pour une seule raison, l’union d’amour avec nous.
« Dieu, infiniment Parfait et Bienheureux en Lui-même, dans un dessein de pure bonté, a librement créé l’homme pour le faire participer à sa vie bienheureuse. C’est pourquoi, de tout temps et en tout lieu, Il se fait proche de l’homme. Il l’appelle, l’aide à Le chercher, à Le connaître et à L’aimer de toutes ses forces. » (Catéchisme de l’Église catholique, CECC, 1992, no 1)
Le libre consentement
Croire et expérimenter la puissance sans bornes de l’Amour ne se fait pas sans notre libre consentement. C’est comme croire à l’impact bienfaisant du sourire. On en a jamais autant conscience que lorsqu’on le donne à un moment où l’autre en a le plus besoin (ou lorsqu’on le reçoit).
Participer à l’Amour
Dieu, dans sa substance même, est amour pur et désintéressé. Il n’a qu’un motif en créant l’univers, c’est que nous puissions exister et participer à son Amour.
Question pour pousser la réflexion…
En quoi la compréhension de ce fondement nous aide à saisir l’expérience de l’Eucharistie?
Pierre Blanchette, le 1er avril 2021
© Pierre Blanchette, 2021
Les sacrements ne se comprennent que sous l’angle de l’amour.
« Tu apportes ton offrande sur l’autel, et là tu te souviens que ton frère t’en veut? Laisse ton offrande et retourne discuter avec ton frère. Ensuite seulement, reviens la déposer. » (Mathieu 5, 23-24)
La compassion
Dans la compassion pour la détresse humaine, les sacrements trouvent leur sens.
« Recevez l’héritage du règne qui vous est réservé depuis la fondation du monde.
- J’avais faim. Vous m’avez nourri.
- J’avais soif. Vous m’avez donné à boire.
- J’étais un étranger. Vous m’avez ouvert votre porte.
- J’étais sans vêtements. Vous m’avez vêtu.
- J’étais malade. Vous avez veillé sur moi.
- J’étais au cachot. Vous êtes venu me voir. » (Mathieu 25, 35-36)
La communion au Christ passe par là.
« Croyez en ma parole, chaque fois que vous avez agi de la sorte avec le plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mathieu 25, 40)
« Je suis la porte. Si quelqu’un passe par moi il est sauvé. » (Jean 10, 9)
(Les citations bibliques sont extraites de la bible, Médiaspaul, Montréal, 2001, 3186 pages.)
© Pierre Blanchette, 2021
L’amour devance le rite, ai-je exprimé dans un autre texte, mais le rite soutient l’amour.
À titre d’exemple, le rituel du repas entre amoureux à la Saint-Valentin suppose, bien entendu, que l’amour soit déjà présent entre eux. Mais ce rituel vient également le soutenir et, plus encore, lui donner espoir d’un approfondissement dans l’avenir.
La confession de foi
La confession de foi, ce « croire sans avoir vu », n’est-ce pas l’acceptation de l’amour inconditionnel qui fonde tout projet?
L’enfant n’a-t-il pas besoin de sentir profondément que ses parents croient en lui pour avoir l’audace d’aller au bout de ses rêves? Il s’agit là d’une donnée que nous révèle la neuroscience. (Cf mon texte « De la communication à la transmission ».)
L’amour est inséparable de la croix
N’est-ce pas sur la base de l’amour inconditionnel que Jésus est allé jusqu’au bout de son projet de faire connaître le Royaume de son Père, et ce, jusqu’au péril de sa propre vie?
N’est pas sur la base de l’amour inconditionnel qu’un père ou une mère se donne à leur enfant, et ce, jusqu’aux plus grands sacrifices?
La joie véritable
Ce que ces deux exemples ont en commun, c’est la force que possède l’amour pour nous transporter au-delà de nous-mêmes, source de joie véritable que procure le dépassement. Cette joie n’est-elle pas une forme de « résurrection », même ici-bas? Par analogie, on a qu’à regarder le visage transfiguré de l’athlète avec sa médaille après des années d’efforts et de renoncements. Le dépassement le transporte dans des zones insoupçonnées de bonheur.
Le rite fortifie l’amour
Dieu connait nos blessures. Parfois il ne demande même pas notre amour. Il ne veut que notre confiance. L’amour viendra plus tard lorsque notre âme sera fortifiée en Lui.
Question pour pousser la réflexion…
Quels liens pouvons-nous faire avec l’Eucharistie?
© Pierre Blanchette, 2021
Dans le texte des Actes 8, 4-6 du Nouveau Testament, la Bonne Nouvelle se répand en Samarie par des paroles et des signes. Il y a des paroles qui touchent les oreilles, mais aussi des miracles où on voit quelque chose. C’est comme le ministère de Jésus.
En parallèle avec aujourd’hui, il n’y a pas d’évangélisation si c’est seulement la bouche qui s’agite. Les signes corroborent la parole. Si l’écart est trop grand, la parole ne sera plus crédible. La Révélation se fait par des actions et par la parole (Cf encyclique Dei Verbum, no 2).
Au cœur même de la simplicité de nos activités quotidiennes, nous devons avoir une activité missionnaire prédicante, mais aussi faite de signes.
Quels sont ces signes? Signes du Royaume nouveau (solidarité, inclusion, manières de vivre).
Edith Stein affirme que « Vivre selon l’Eucharistie signifie s’arracher réellement à son étroite vie particulière pour grandir vers l’immensité de la vie du Christ. Qui a visité le Seigneur dans sa demeure, ne voudra plus se préoccuper uniquement de soi et de ses intérêts… » (cf Edith Stein DANS LA PUISSANCE DE LA CROIX, Textes réunis et présentés par Waltraud Herbstrith, Nouvelle Cité, 1982, page 87).
Elle poursuit, « Tout comme notre corps physique a besoin du pain quotidien, la vie divine en nous demande à être constamment nourrie. « Voici le pain vivant venue du Ciel ». Celui qui en fait son vrai pain quotidien voit s’accomplir en lui chaque jour le mystère de Noël, l’incarnation du Verbe. Et ceci est bien le chemin le plus sûr pour conserver durablement « l’être-un » avec Dieu, en s’incorporant, chaque jour plus fort et plus profondément, au corps mystique du Christ. Je sais bien que cela paraîtra à plus d’un comme une exigence par trop radicale. Quand ils s’y essaient, cela signifie pratiquement pour le plus grand nombre de gens, un changement de toute la vie, tant extérieure qu’intérieure. Mais c’est justement ce qui doit être. Dans notre vie il nous faut faire une place au Sauveur de l’Eucharistie pour qu’il puisse transformer notre vie en sa vie. Est-ce trop demander?
La prière de l’Église est la prière du Christ qui continue à vivre. Elle a son modèle dans la prière que le Christ lui-même a pratiqué pendant sa vie terrestre. » (Ibid, pages 94 et 95)
Accueillir le don de Dieu par l’Eucharistie, c’est reconnaître et exercer ses dons et ses talents pour le service des autres et, par conséquent, son propre épanouissement.
(Qui est Édith Stein? Édith Stein, philosophe allemande assistante d’Edmond Husserl, le père de la phénoménologie, se convertit au catholicisme en 1922 à la lecture de la Vie de Thérèse d’Avila. Elle entra au Carmel en 1923. Juive, elle voulut rester solidaire de ses frères et sœurs et mourut martyre au camp de Dachau en 1942. Elle a été béatifiée le 1er mai 1987 par le pape Jean-Paul II.)
© Pierre Blanchette, 2020
Une Vie à la portée de chacun…
On expérimente tous l’Esprit Saint dans le meilleur de nous-mêmes. Il est là, toujours présent, sous un mode d’action discret mais efficace. Il ne demande que, de façon consciente et volontaire, nous laissions libre cours à ses interventions d’Amour et de Vie.
Tous appelés au bonheur de la consécration…
« Humblement, nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps. » Prière après la consécration de la liturgie eucharistique, pour qu’elle passe en nous.
Jésus le Christ, qui s’est fait solidaire de notre vie humaine, nous révèle Dieu en paroles et en actes. Il nous envoie l’Esprit pour que s’imprime en nous son Amour.
L’Esprit agit sur le double terrain de l’expérience et de l’intelligence de la foi, « une incitation à l’audace d’oser penser, agir, vivre autrement, c’est-à-dire libéré de toute peur, de tout préjugé, de tout déterminisme » (cf « Délivrance » dans La Bible, 2000 ans de lecture. Paris, Desclée de Brouwer, p. 425, citation rapportée par Jean Grou dans le Prions en Église, Novalis, janvier 2021, page 2).
Inspirations et motions…
L’Esprit Saint, âme et ressort du monde, est la clé d’un présent et d’un avenir de bonheur. Il se révèle en nous par « inspirations » et par « motions », nous faisant ainsi entrer dans une Vie Bonne.
« L’inspiration de l’Esprit est une lumière et un stimulant (bien désirable pour les gens déprimés). Elle est surnaturelle. Cela ne veut pas dire qu’elle soit toujours, ou le plus souvent, extraordinaire. Le surnaturel apparait rarement comme tel, car il ne brusque pas la nature, mais en accomplit et prolonge les dispositions. Il nous fait assumer avec joie ce qui nous faisait peur, surmonter les obstacles, mais dans l’humilité, non dans la vanité… » (cf René Laurentin, L’Esprit Saint, cet inconnu, Fayard, 1997, page 563.)
« L’Esprit Saint agit aussi par motions qui peuvent survenir, sans aucune sorte d’inspiration, et sans lumière particulière. Nous constatons seulement que nous avons bien fait ce que nous ne savions trop comment faire, et c’est justement cela qu’il fallait faire. » (cf René Laurentin, ibid, page 563.)
Le mot « motion » se définit, de façon générale, comme « action de mouvoir, de mettre en mouvement ». Une motion surnaturelle représente tous les secours que Dieu donne à l’être humain.
Écoutez bien, n’hésitons pas à le remercier…
« … la reconnaissance attire ses dons, et ces dons nouveaux accroissent notre reconnaissance; et ainsi de suite, indéfiniment, jusqu’au jour du dévoilement final en apothéose. C’est un des secrets de l’Esprit Saint. » (cf René Laurentin, ibid, page 563.)
© Pierre Blanchette, 2021