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Soif de Dieu

Dieu tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi (Ps 62, 2). Tel est le début du psaume 62 que nous récitons à l’office des laudes du dimanche de la première semaine. Il exprime le besoin le plus profond de notre être, de notre cœur et de notre âme. Pour les croyants, c’est ce que nous recherchons fondamentalement, le bonheur que nous recherchons tant, il se trouve là en nous et c’est la soif de Dieu.

Malheureusement, nous vivons dans une société où la négation de Dieu fait foi de tout. Cette soif que nous portons au coeur de notre être est niée et à maintes reprises ridiculisée. Nous sommes dans une société de la mort de Dieu. Qu’il y ait une séparation de la religion et de l’État aujourd’hui, cela se comprend. Mais ce qu’il y a d’inquiétant, c’est la séparation de la religion et de la vie, de la foi et du cœur, de la perte du sens de la vie apportée par la foi. Cela est d’autant plus grave que, dans ces situations, l’être humain ne se réfère plus qu’à lui-même, il en devient le centre, d’où le risque de tomber dans des conceptions matérialistes et consuméristes de la vie. Ces visions ferment la porte à l’avenir, à l’espérance car elles ne s’ouvrent pas sur un au-delà possible.

Mais il faut être juste, cette chute de la foi chez nos contemporains n’a pas engendré que du négatif. Elle a créé une quête de bonheur différente qui a permis un développement scientifique, intellectuel et social et des œuvres qui ont aidé grandement le monde. Cette quête de bonheur a suscité curiosité et créativité permettant la création d’un humaniste où les valeurs, dans certains cas, sont proches du christianisme. Humaniste qui, à plusieurs reprises, a permis à l’Église de sortir de son cadre rigide et moralisant. Dans le fond, même si elle n’est pas nommée ou identifiée, cette soif de Dieu, qui est ancrée dans l’être humain, peut produire des fruits positifs pour l’humanité.

Nous en sommes maintenant à l’heure où l’Église doit annoncer cette soif qui habite chaque personne. C’est en se rassemblant fréquemment autour du Corps et au Sang du Christ et de sa Parole que le baptisé pourra se nourrir et témoigner, à sa manière, de cette soif qui l’habite en permanence. Nous ne pouvons pas prouver l’existence de Dieu, mais nous pouvons manifester notre soif de Lui. Notre quête rendra visible notre foi en un monde invisible, notre foi en un être plus grand que nous. De l’ensemble de nos témoignages bien humbles, espérons que des coeurs s’ouvrent à la rencontre avec Celui qui ne désire que cela. À ce moment-là, avec le Psalmiste, nous pourrons dire : je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie (Ps 62, 3-4).

© Jacques Trottier 2024