Le témoignage de Justin
LE TÉMOIGNAGE DE JUSTIN
Le témoignage le plus connu relatif à l’Eucharistie, rédigé quelques années à peine après les évènements rapportés dans le Nouveau Testament, est celui du philosophe Justin de Naplouse. On le connait aujourd’hui sous le nom de Saint-Justin. Il naquit en Galilée à Flavia Neapolis (aujourd’hui Naplouse de Cisjordanie). Il s’agit d’un secteur de la Galilée non loin du puits où Jésus avait promis l’eau vive à la Samaritaine. Justin se convertit à la foi chrétienne vers les années 130.
Vers 150, il adressa à l’empereur Antonin le Pieux deux lettres pour défendre la foi chrétienne. C’est là qu’il parle de l’Eucharistie. Il a rédigé ses requêtes (que l’on appelle apologie) pour sauver la vie des chrétiens qui sont condamnés parce qu’ils portent ce nom. Justin fera son témoignage au péril de sa propre vie. En effet, il sera lui-même exécuté vers 165.
Les citations suivantes, tirées de son Apologie, font ressortir trois aspects de la célébration chrétienne :
– une communauté de charité et de prière ayant le souci d’aider les plus démunis;
– la liturgie de la Parole (lecture, homélie, prière de la communauté et de l’Église universelle);
– la liturgie eucharistique (présentation des offrandes, prière eucharistique, acclamation du peuple par l’Amen et la communion).
Une communauté de charité et de prière
« Ceux qui ont des ressources viennent en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, et nous nous prêtons toujours assistance.
Dans tout ce que nous offrons, nous bénissions le créateur de l’univers par son Fils Jésus Christ et par l’Esprit Saint.
Célébration dominicale
Le jour que l’on appelle jour du Soleil, tous, qu’ils habitent les villes et les campagnes, se rassemblent en un même lieu.
On lit alors les Mémoires des Apôtres ou les Écrits des Prophètes aussi longtemps que le temps le permet.
Quand le lecteur a terminé, celui qui préside prend la parole et exhorte à imiter ces beaux enseignements.
Nous nous levons ensuite tous ensemble et nous prions.
Puis, comme nous l’avons dit plus haut, lorsque la prière est terminée, on apporte du pain, du vin et de l’eau. Celui qui préside fait alors des prières et des actions de grâces autant qu’il le peut. Et tout le peuple répond pas l’acclamation : Amen » (Apologie 1, 67)
Communion
« Nous appelons cet aliment « Eucharistie ». Personne ne peut y prendre part s’il n’a reçu le bain qui remet les péchés et qui régénère, et s’il ne vit selon la doctrine du Christ. Car nous ne prenons pas cet aliment comme du pain et du vin ordinaires. Mais, de même que par la Parole de Dieu, Jésus-Christ s’est incarné, qu’il a pris chair et sang pour notre salut, de même aussi cette nourriture, qui est devenue Eucharistie grâce à la prière formée des paroles du Christ, et qui nourrit et qui s’assimile à notre chair et à notre sang, est la chair et le sang de Jésus incarné : telle est la doctrine que nous avons reçue.
Les Apôtres, en effet, dans leurs Mémoires qu’on appelle « Évangiles », nous rapportent que Jésus leur fit cette recommandation : après avoir pris du pain, il rendit grâce et dit : « Faites ceci en mémoire de moi, ceci est mon corps »; de même, après avoir pris la coupe, il rendit grâce et dit : « Ceci est mon sang. » C’est à eux seuls qu’il les leur donna. (Apologie 1, 65-66)
Ces citations de l’Apologie de Justin sont extraites du livre de Lucien Deiss, la cène du Seigneur, eucharistie des chrétiens, Éditions du Centurion, France, 1975, pages 32 et 33.
Question pour pousser la réflexion…
En quoi le témoignage de Justin nous interpelle dans la pratique actuelle de la messe?
Pierre Blanchette, le 6 avril 2021