Les nombreux visages de la sainteté
Les nombreux visages de la sainteté
La canonisation récente de Marie-Léonie Paradis, « humble parmi les humbles » qui s’est sanctifiée en travaillant joyeusement et ardemment toute sa vie à de modestes besognes, nous éclaire sur les différents moyens de parvenir à la sainteté. En effet, la galerie des saints de l’Église universelle, et en particulier celle de l’Église canadienne, présente une diversité et une richesse étonnantes qui nous montrent différents moyens d’imiter le Christ, peu importe notre état, notre vocation ou notre personnalité propre.
Il est vrai, toutefois, que les dizaines de saints canonisés, de bienheureux, de vénérables et de candidats à la sainteté du Canada sont majoritairement des religieuses et religieux consacrés; peu de laïcs ont accédé à cette reconnaissance officielle. Et c’est bien normal, quand on pense à toutes ces fondatrices de communautés, à tous ces missionnaires qui sont de véritables pionniers de la foi dans notre pays. Cependant, la variété de leurs charismes particuliers, leurs différents champs d’action et leurs profils uniques peuvent inspirer chacun de nous à trouver son chemin vers le ciel.
Par ailleurs, parmi les canadiennes vénérées, plusieurs ont connu la vocation matrimoniale avant de se destiner à la vie religieuse. Marie de l’Incarnation, Marguerite D’Youville, Émilie Gamelin, Rosalie Jetté et Marie Fitzbach ont toutes été mariées et mères de famille avant que le veuvage ne les amène à témoigner de l’amour de Dieu de façon différente.
Charité en action
J’aime à dire que le Canada a connu des « mères Teresa avant la vraie », c’est-à-dire des saintes femmes qui se sont dévouées auprès des plus pauvres, dans la rue. Déjà affairée à alléger les souffrances des soldats blessés, des mendiants et des malades, Marguerite D’Youville a fondé le premier orphelinat du pays après avoir trouvé un nourrisson mort dans un ruisseau… Mariée à un pommiculteur, la bienheureuse Émilie Gamelin distribuait des pommes aux mendiants des rues de Montréal. Devenue veuve, elle s’est occupée des femmes âgées, pauvres et abandonnées. Marie Fitzbach prenait sous son aile les ex-prisonnières et les prostituées, et les aidait à changer de vie. La vénérable Rosalie Jetté, sage-femme, aidait les filles-mères à accoucher.
Les contemplatives
Au Québec, nous avons aussi des mystiques et des adoratrices. Les plus anciennes sont sans doute Marie de l’Incarnation, qui a écrit sur sa riche vie intérieure, Jeanne Le Ber, la « recluse de Montréal », et Marie-Catherine de Saint-Augustin, qui s’entretenait avec saint Jean de Brébeuf alors que ce dernier était mort… La bienheureuse Aurélie Caouette a fondé la congrégation des Adoratrices du Précieux-Sang, première communauté contemplative mise sur pied au Canada. Au XXe siècle, la musicienne et mystique Dina Bélanger a initié la dévotion au cœur eucharistique de Jésus; plus près de nous, mère Julienne du Rosaire, fondatrice des Dominicaines Missionnaires Adoratrices, a aussi eu la grâce de visions et d’expériences surnaturelles.
Les bons pasteurs
Nous avons aussi de saints évêques et de saints prêtres. Saint François de Laval, apôtre de la Nouvelle-France et premier évêque d’Amérique du Nord, s’est démarqué par sa grande charité et son dévouement auprès des fidèles. Vertus que partageait le bienheureux Louis-Zéphirin Moreau, évêque de Saint-Hyacinthe, qui à l’instar de Mgr de Laval, a fondé lui aussi des institutions importantes. Le vénérable Alfred Pampalon, jeune prêtre rédemptoriste plutôt discret, a héroïquement combattu la souffrance et édifié les fidèles par son témoignage. Le Bon Père Frédéric (Frédéric Janssoone), franciscain, était un prédicateur admiré et a donné une nouvelle impulsion à la dévotion du chemin de croix.
Les éducatrices
Tout un pan de la sainteté canadienne est lié au milieu de l’éducation. Sainte Marguerite Bourgeoys, première enseignante du pays, en est la pionnière. Marie-Rose Durocher et Esther Blondin ont œuvré pour l’éducation des filles, surtout en milieu rural. Et tant d’autres, connues et moins connues…
Les missionnaires et les martyrs
Les premiers saints canadiens canonisés sont les célèbres Martyrs canadiens, des jésuites qui ont voulu évangéliser les Autochtones au XVIIe siècle et qui y ont laissé leur vie. L’apostolat missionnaire a aussi attiré d’autres âmes pieuses, comme ces intrépides pasteurs de l’Ouest canadien dont faisaient partie Ovide Charlebois et Vital Grandin, et même la vénérable Délia Tétreault, qui n’a jamais quitté son pays mais qui a fondé les Missionnaires de l’Immaculée-Conception.
Et enfin, les inclassables
Dans nos saints modèles, nous comptons aussi des vierges et des Autochtones (Kateri Tekakwitha, Joseph Chiwatenhwa). Il y a le frère André, fameux thaumaturge. Enfin, certains ont pris des chemins moins « classiques » vers la sainteté, comme le couple de diplomates et servants de Dieu Georges Vanier et Pauline Archer.
Et vous, quelle est votre mission? Quels dons avez-vous reçu de Dieu pour Le servir à travers votre prochain? Inspirons-nous des grandes vertus et de l’œuvre de ces personnages dignes d’admiration!
Agathe Chiasson-Leblanc © 2024